Lettre aux Gens de la Norme
Dernière mise à jour : 10 mars
Cette lettre m'est venue au cours d'un soin, dans ce moment de burn-out systémique que nous a proposé le COVID en février 2021.

“Notre ADN crie à la reprise d’une croissance pathologique sur une planète pourtant définie“
Nous voilà, nous, gens de la norme, sur cette ligne de l’équateur à regarder passer notre héritage de certitudes.
Au Nord, dans cette glace qui fond, nos secrets de famille, nos rêves de capitalisme, de totalitarisme, de communisme, de socialisme, de monothéisme, de croissance, de pouvoir et de territoire. Au Nord-Est, nos croyances au masculin, celles de l’homme fort, de celui qui tient, qui refoule ses émotions, de la couleur bleue, du camion, du père... Au Nord-Ouest, nos croyances au féminin, celle de la mise au service, de l’objet de désir, de la couleur rose, de la poupée, de la mère... Au Sud, nos espérances, nos émotions, notre Humanité, notre désir d'inclusion, nos projets de coeur ou d’âme pour certains. Engrammé dans notre épigénétique, nos mémoires crient à la reprise d’une croissance pathologique sur une planète pourtant « définie ». Malheureusement, bien trop obstinés à remplir nos plannings, nos semblants de vie, nos rôles, nous nous obstinons à Faire dans un monde où tout nous indique de ne faire que d'Être.
Dans cette quête de feu, nous courons tout droit vers une inflammation chronique qui conduit le corps à produire des kystes, pour au final ne rien trouver de mieux que de donner un traitement hormonal là où il suffirait de reconnecter notre prise Terre.
Guérir le mal par le mal et faire de l'infertilité notre modèle de croissance.
C'est là qu'une question se pose. Nos enfants, nos grands-parents l’auraient-ils fait ?
Ne suffirait-il pas d’aller dans leur maison de retraite les questionner, d’aller à l’école pour les interroger, d’aller dans des centres d’accueil interpeler l’enfant/l’adulte dit « hors norme ». Leur réponse de coeur sonnerait comme un mandat d’arrêt, elle nous perturberait tout autant qu’un licenciement. Alors nous irions voir notre médecin pour nous prescrire un remède au burn-out, vite résoudre cette perte de feu par un puissant inhibiteur de conscience. Mais n'ayons aucune crainte, ne plus ressentir notre propre système est un alibi parfait. Il justifie à lui seul l'incapacité à percevoir le trouble systémique qui nous touche et assassine à terme notre Humanité.
Comme tout postulat, une proposition s’impose !
Vivons, nous, gens de la norme, la vie de nos enfants, de nos résidents, des gens « hors normes » pour nous interroger sur l’inclusion. Gens de pouvoir, offrons nous un congé sabbatique, un bol d’air, une prise de hauteur, un soin de l’âme pour
« adultes ». Rendons à ceux qui ont la conscience, phénomène spontané et immédiat, je le rappel, le pouvoir de dicter nos actes à nous occidentaux, politiques, gestionnaires et gens de savoir acquis. La boussole se fout des normes mais elle a le mérite de montrer la direction de nos intuitions.
Comme nous sommes profondément dispensable, je propose deux semaines « hors normes », en inclusion. Deux cycles de 7 jours, pour respecter notre systémie, où le patient devient praticien, où l’enseignant devient l’élève, où le politicien redevient citoyen, où le journaliste devient lecteur, où l’enfant devient le parent, où le résident devient l’éducateur, où l’artiste devient le spectateur, où le
« hors norme » devient notre norme. Un moment sans enjeux, sans rôles à défendre, sans porte feuille à remplir, un changement de regard pour nourrir une vision consciente, créer une expérience au-delà du JE mais dans une intention de JEU.
Nous pourrions alors nourrir notre créativité et cheminer, ensemble, vers une humanité plus responsable.
Le temps est venu de se ré-unir pour guérir.
Johan Clavien